Ooujda passe à la 2e phase de valorisation de sa médina et consacre 20 millions de DH pour mettre à niveau trois «Kissariats» (19e siècle), deux souks commerciaux, un ancien quartier Ahl El Jamel (18e siècle) et une partie de la muraille de la ville (15e siècle).
Un nouveau relooking qui s’inscrit dans le cadre de la vision Oujda 2020 pour organiser et dynamiser le commerce traditionnel. Cette nouvelle restauration mobilisera des centaines de maâlams artisans (bois, zelije et plâtre), ouvriers maçons pour 12 mois et sera pilotée par une entreprise spécialisée dans la restauration des anciennes médinas.
Techniquement, les travaux concerneront la réhabilitation des cours, murs et toitures et leur renforcement par des cintres et dômes en bois. L’étanchéité des terrasses sera corrigée et renforcée par une matière légère et uniformisée pour créer un cadre accueillant et pratique. Le tout autour de fontaines traditionnelles et places à l’architecture mérinide.
La médina d’Oujda abrite un riche patrimoine architectural avec une vingtaine de sites à fortes charges culturelles et touristiques. Des monuments qui nécessitent une approche intégrée pour leur valorisation. Les différentes actions de mise à niveau entreprises, au cours de cette décennie, ont nécessité plus de 95 millions de dirhams. C’était la première phase de revalorisation des monuments historiques. «Babs», ruelles, mosquées et fondouks, ont connu des travaux de restauration et d’embellissement.
La médina d’Oujda est un patrimoine de 1.250 maisons, dont 41% à caractère traditionnel. C’est sous l’impulsion de la Wilaya de l’Oriental et en étroite collaboration avec Al Omrane/Oujda et les autres départements de l’habitat que plusieurs projets ont été réalisés concernant le pavage des ruelles, le déblaiement des ruines, la consolidation des maisons menacées d’effondrement, l’aménagement des places se trouvant à l’intérieur de la médina.
La muraille qui longe l’ancienne médina a été refaite à plusieurs reprises, «Bab Elgharbi» ainsi que le célèbre «Bab Sidi Abdelouahab» ont bénéficié d’une «touche de jeunesse» qui les a réellement revalorisés. Le musée Lalla Meryem a également subi une refonte totale de son espace.
«Le culturel et l’historique, sources d’inspiration et de revenus, jouent un rôle de premier ordre dans la pérennisation du patrimoine et la préservation d’une culture authentique», souligne Zakaria Lazraq, directeur général d’Al Omrane/Oujda. Ils peuvent aussi être attractifs sur le plan touristique et enclencher une importante activité commerciale. Il s’avère, par ailleurs, primordial d’entamer de réelles actions de suivi pour les prémunir du péril qui les menace.
«Les institutions engagées dans cette valorisation architecturale, culturelle et commerciale sont pressenties pour proposer des solutions réfléchies qui favorisent la sauvegarde du patrimoine», note pour sa part Badr El Maqri, historien et auteur de plusieurs livres sur Oujda.
Et d’enchaîner, le premier rôle des élus et des autorités locales est d’assurer une réelle protection des sites historiques par des mesures palpables pour préserver leur identité culturelle. Ce n’est pas toujours le cas. En dépit de ces efforts de mise à niveau, une activité commerciale informelle se développe aux alentours de ces monuments et hypothèque toutes les initiatives de restauration.
Un référentiel historique
Construite vers 1880 par l’Amine Haj Mohammed ben Attal El Fassi, la grande Kissariat, dite également Kissariat Ben Attal est une centralité commerciale de la médina. Idem pour la petite Kissariat Ben Attal (et non Ben Kirane) bâtie par le même individu, à la même époque, rapporte Louis Voinot dans son livre Oujda et l’Amalat publié en 1912. Ces deux Kissariats sont constituées d’un rez-de-chaussée et un étage. Au rez-de-chaussée, plusieurs entrepôts donnent sur la cour et des échoppes sur la façade extérieure. À l’étage, il y a une grande pièce servant de café maure; les autres pièces sont utilisées comme entrepôts ou logements… les grands magasins de ces Kissariats vendaient les mêmes étoffes ainsi que des soieries de Lyon dont ils avaient toujours des approvisionnements importants. On y trouvait de beaux mouchoirs aux couleurs vives, des pièces de soie blanche rayée de rose, rouge, bleu ou vert, des mousselines de soie à dessins. Parmi les produits autochtones, les commerçants vendaient des ceintures de soie à coulants d’argent, des ceintures en cuir brodé de Fès, des tapis de Debdou à raies transversales rouges, noires, vertes et blanches, des haïks de soie ou de laine.
De notre correspondant,Ali KHARROUBI