Fatiha Ghoumid : Pour une meilleure interprétation des statistiques

11 مارس 2017آخر تحديث :
Fatiha Ghoumid : Pour une meilleure interprétation des statistiques

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*Il est difficile de rendre justice à une femme violentée    *L’application des lois est tributaire de la composante humaine et sociale

Le Maroc a connu d’importantes réformes structurelles, sur le plan législatif et institutionnel, qui ont impacté positivement sur la promotion des droits des femmes. À en juger par le gain de cause pour des milliers de femmes et le nombre ascendant des plaintes déposées et solutionnées au cours des trois dernières années. Toutefois, la réalisation d’enquêtes précises dans le domaine de lutte contre les différentes formes de discrimination et de violence à l’égard des femmes, s’avère indispensable. C’est le cas aussi pour l’interprétation des données et statistiques réalisées à des fins d’équité et d’égalité.

Il est temps d’actualiser les indicateurs dédiés au suivi tout en complétant les grilles d’évaluation pour avoir une base de données précise et pertinente. La contribution au renforcement des connaissances dans le domaine de la violence à l’égard des femmes et la promotion de la culture du respect des droits est un travail de longue haleine. La société évolue, et avec les mentalités et les attentes, d’où la nécessité d’innover des mécanismes pratiques pour faciliter le travail des juges. Cela nous oblige à enrichir la grille d’évaluation par des données qui se rapportent aux liens de parenté, lieux de violence, nature de violence, l’activité de la femme, de l’agresseur, niveau intellectuel, Une grille détaillée pour enrichir la base de données et spécifier les types de violence.

Tout en veillant sur l’application stricte des lois, les juges, sont confrontés aux dimensions humaines des cas sur lesquels ils travaillent. Ce n’est pas facile de rendre justice à une femme violentée car les violences morales et psychologiques sont difficiles à évaluer. La difficulté réside dans le fait que la majorité des violences sont conjugales avec absence de preuves matérielles. Idem pour la protection des acquis qui requiert une prise de conscience collective et évolutive. Ce n’est pas encore une cause gagnée.

Les cas traités par les cellules de prise en charge des femmes et enfants victimes de la violence, se rapportent aux problèmes familiaux, violences conjugales et problèmes des enfants. L’effort réalisé, par ces cellules pour assurer une protection juridique contre les violences basées sur le genre, requièrent d’autres mécanismes d’intégration socio-économique. L’apport de l’INDH dans ces cas est un model à dupliquer. Des milliers de femmes ne se sentent plus victimes ni vulnérables car l’INDH leur a permis de s’autonomiser financièrement.

La composante humaine et l’engagement du Maroc sur la voie des droits humains sociaux et économiques nécessitent une approche pluridisciplinaire pour faire aboutir les jugements prononcés. De telles démarches renforceront la confiance des femmes victimes de violence dans l’appareil juridique qui les protège. Dans certains cas (article 53 du code de la famille), l’intervention du parquet général ne satisfait pas le droit de la femme lorsque le mari refuse le retour de la femme à son foyer.

Fatiha Ghoumid // Oujda24

Légende : Fatiha Ghoumid, doctorant en droit (droit de la famille) et substitut du procureur du roi à Oujda chargée des affaires  de violence à l’égard des femmes et enfants.  (Ph: A.K)

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